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Kinésithérapie : tout en douceur

publié le 18/01/2017 - Rédigé par Gary Laski
Kinésithérapie : tout en douceur

Qui n’est pas encore allé chez le kiné ? C’est devenu une institution. Mais derrière cette thérapie devenue familière, il y a eu tout un cheminement intellectuel, qui préfigure la reconnaissance de nombre de nos thérapies alternatives actuelles.


Une médecine devenue normale

Oui, la kinésithérapie, ou physiothérapie dans certains pays francophones, est une discipline médicale populaire. Mais elle ne l’a pas toujours été. Pratique, elle a rencontré l’opposition, voire le mépris de la science allopathique pendant longtemps. Pourtant, en tant que médecine manipulatoire, elle est la doyenne des disciplines non-allopathiques.

Kinésithérapie, cela ne veut rien dire d’autre que « soigner par le mouvement ». Le terme grec kinesis/kinema  se retrouve ailleurs dans notre langue : télékinésie pour le déplacement des objets à distance, cinématographie pour l’image en mouvement. Le vocable de physiothérapie, pour sa part, renvoie au concept de nature (phusis), c’est-à-dire à la nature mécanique du corps humain.

Derrière ces dénominations sophistiquées, qui nous rappellent que toute médecine officielle doit être rattachée à son origine grecque, se dissimule une réalité beaucoup plus ancienne.

Le massage a toujours été utilisé dans la médecine, sur tous les continents, et à toutes les époques. Ses vertus médicinales, qui accompagnent le traitement prescrit par le médecin, sont du domaine de l’évidence. Mais comme cette pratique ne relève pas de la pure chimie biologique (de la physiologie, en somme), qu’elle dépend de la réceptivité du patient et des capacités du thérapeute, elle a été dénigrée dès les débuts de la médecine moderne par les praticiens allopathiques.

Une reconnaissance tardive

D’abord interdite au même titre que les pratiques « magiques » sous l’Empire, et sans grand succès par ailleurs, la médecine manipulatoire a toujours eu la faveur des médecins. Même si ceux-ci ne la considéraient pas comme véritablement scientifique, cela ne les empêchait pas de prescrire des cures à leurs patients, sachant que le massage en faisait partie.

Ce qui était jusqu’ici réservé à un public bourgeois acquit une notoriété croissante. Mais il a surtout fallu attendre la première guerre mondiale pour que la kinésithérapie soit reconnue pour une pratique médicale à part entière.

Ceci tient en un mot : rééducation. Le nombre immense des blessés de la Grande Guerre, la nécessité nationale de les remettre au travail, ont souligné l’évidence des bienfaits de cette thérapie, qui acquiert alors progressivement le statut de pratique officielle.

Il n’en reste que la pratique est encore liée à l’exercice du sport. Entre éducation et rééducation physique, la frontière est encore mince. Et de fait, les meilleurs masseurs et kinés exercent encore aujourd’hui pour le sport. Après la défaite de 1940, au vu de la raréfaction des infirmiers-masseurs, ce sont les professeurs de gymnastique, de culture physique, qui virent leurs compétences accréditées et sanctionnées.

C’est donc en 1942 qu’est créé le diplôme de gymnaste médical. Toutefois, il a fallu attendre la Libération pour qu’enfin, la profession de kinésithérapeute existe à part entière : ni prof de gym, ni infirmier ; masseur-kinésithérapeute, enfin.

D’après Rémi Remondière, L'institution de la kinésithérapie en France (1840-1946)

 


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