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Politiques, écoutez les thérapeutes !

publié le 07/03/2017 - Rédigé par Gary Laski
Politiques, écoutez les thérapeutes !

Le RSI, l'organisme qui fait couler beaucoup d'encres est aujourd'hui très décrié pour sa précarité par ceux qui y sont soumis.


Le chiffre est tombé : 70% des Français attendent dans cette élection des prises de position fortes concernant la santé publique.

Mais comme vous pouvez vous y attendre, il y aura peu de place pour la santé alternative dans cette élection. La santé, encore, pour la majorité des Français, c’est la sécurité sociale, et la crainte qu’elle disparaisse alimente beaucoup les débats.

Vous pourriez croire, donc, que vous faites partie des oubliés de cette élection présidentielle. Ce n'est pas tout à fait le cas, car la presque totalité d’entre vous souscrivez au régime social des indépendants, autrement appelé RSI.  

La fonction de cet organisme est de suppléer aux difficultés de la vie : maladies, arrêt de travail, congés parentaux, retraite. Il a été notoirement déficient, au point de provoquer des manifestations d’indépendants, ce qui est un comble. La Cour des Comptes a même qualifié le RSI, dès 2012, d’accident industriel, ce qui est plutôt inhabituel pour une institution officielle.

Cela vous concerne au premier chef. Quels que soient les moyens dont vous usez pour vous soigner et rester en bonne santé, vous avez besoin d’être couverts en cas de pépin, d’heureux évènement, ou de retraite.

Et vous avez aussi besoin de savoir ce que vous allez payer et ce pourquoi vous allez le payer, car le RSI représente une ponction allant du quart à la moitié de vos revenus.

RSI, l’acronyme de la discorde

Oui, il y a plus de 6 millions de personnes, dans notre pays, à relever du régime des indépendants, directement ou indirectement. 

Ceux d’entre vous qui gagnent moins de 35 000€ par an, rentrez dans le cadre de l’auto-entrepreneuriat. Comme vous le savez, ce système social est désavantageux, surtout du point de vue des prestations de santé : remboursement médicaux très faibles, carence pour arrêt de travail à 7 jours – contre 3 dans le secteur privé, et zéro pour les fonctionnaires.

Or la grande majorité des nouveaux travailleurs indépendants, dont les thérapeutes qui exercent depuis moins d’une dizaine d’année, rentrent dans ce statut résolument précaire.

Mais les auto-entrepreneurs ne sont pas les seuls à se fâcher : les autres indépendants subissent également un système de retraite et une couverture en cas de congé parentalité plus faible que ceux du régime général. Et ils peuvent voir leurs bénéfices nets prélevés jusqu’à 47%. Ce qui passe mal lorsque l’on apprend la récente réévaluation des salaires de 3000€ pour les dirigeants du RSI.

Que faire ?

Pour obtenir les voix des indépendants, tous les candidats se sont prononcés pour la dissolution du RSI à la fin du mois de février. Deux solutions prédominent : l’affiliation des indépendants au régime général, ou l’élargissement du statut d’auto-entrepreneur à tous les indépendants.

Etre indépendant, c’est travailler sans la lourde structure administrative d’une entreprise. Si taxés que vous soyez, vos prélèvements obligatoires restent inférieurs en proportion à ceux que vous devriez payer lorsque vous employez un salarié.

C’est ce qui fait aussi la rentabilité du travail indépendant : les cotisations auxquelles il souscrit ne concernent pas en principe des professions à risque pour la santé, et comprennent plutôt celles qui soignent (thérapeutes, médecins, dentistes, kinés).

Si l’arrivée dans le régime de travailleurs détachés, comme les VTC, change la donne, et si les difficultés économiques conduisent certains indépendants au surmenage, il n’en reste qu’une réintégration au régime général, plus avantageuse en termes de prestation, coûterait très cher aux indépendants – sauf « cadeau » du gouvernement, qu’aucun candidat ne s’est d’ailleurs aventuré à promettre.

Quant au régime auto-entrepreneurial, ceux qui y souscrivent le savent, il reste avant tout une solution bancale, guère propice à l’épargne pour son instabilité, et inadaptée aux gros problèmes de santé que vous pouvez rencontrer avec l’âge.

Pour éviter de devenir le bouc-émissaire de l’élection présidentielle, le RSI a lui-même préconisé quelques solutions le 28 février, que vous pouvez retrouver ici.

Mais quel que soit le candidat qui sera élu, et les solutions que propose le RSI pour sa survie, il y a lieu de croire que nous faisons fausse route depuis longtemps en ce qui concerne la santé publique et les prestations qui en dépendent.

A quand une santé préventive ?

Le but des politiques est moins de s’attaquer au fond des questions que d’élaborer des statuts particuliers pour obtenir des votes particuliers. Nul ne s’étonne donc plus que notre système de protection sociale marche si mal et qu’il suscite un tel mécontentement.

Car la solution tient en un mot : la prévention.

Notre société est pleine de messages contradictoires : le terrorisme mesquin du paquet de cigarette neutre n’empêche pas le gouvernement de toucher 80% du montant des ventes et de se frotter les mains à chaque hausse arbitraire des prix. La signalisation qui prétend dissuader de manger trop salé, sucré et gras, masque le fait que la loi et les gouvernements successifs ont laissé libre cours aux pires dérives de l’alimentation industrielle. Et doit-on encore parler de notre école, dont l’effondrement attesté par les institutions internationales, marque un recul de l’esprit critique pour les générations à venir ?

Nous osons croire que si les thérapies alternatives étaient prises avec le sérieux qu’elles méritent, nous en finirions avec ce puritanisme schizophrène, où l’on nous culpabilise de consommer ce qui est mauvais pour notre santé, afin de mieux nous le faire fantasmer.

Rien qu’avec un suivi pédagogique ou médical orienté vers la naturopathie et la méditation, on pourrait faire drastiquement baisser l’hyperactivité et l’inattention des enfants, provoquées par la surconsommation de sucreries et l’addiction aux écrans. Ce qui ferait aussi diminuer l’obésité sur le long terme.    

Cela fait trop d’années que nos politiciens favorisent une société dangereuse pour les corps qui la composent, pour d’autre part se plaindre des déficits de la sécurité sociale et nous faire du chantage sur ce que va coûter son rafistolage.

Plutôt que de soutenir pour un système miné de l’intérieur, et qui fonctionne de moins en moins bien, pourquoi ne pas faire le choix d’une éducation à la santé pour tous ?