La psychogénéalogie : fardeaux et arbre de vie

La psychogénéalogie appartient au champ des sciences humaines qui reconnaît la transmission des traumatismes de génération en génération. En pratique, elle s’emploie dans un cadre psychothérapeutique – psychanalytique –, mais aussi sociologique. Ainsi est-il possible de mieux appréhender certains comportements individuels ou phénomènes collectifs.

Freud avait pressenti un lien entre les troubles de la psyché et l’histoire collective, mais c’est Carl Gustav Jung qui met en lumière une transmission d’informations d’inconscient à inconscient. Quelques années plus tard, la psychothérapeute Anne Ancelin Schützenberger (1919-2018) conceptualise une psychogénéalogie clinique et l’outil du génosociogramme. Il s’agit d’une sorte d’arbre généalogique en vue de mettre en exergue les répétitions des drames familiaux : accidents, deuils, exil. Elle évoque alors un système de loyautés invisibles et de dettes à payer pour les héritiers.

Psychogénéalogie : le poids du passé

Anne Ancelin Schützenberger exprime l’importance de nommer le drame originel afin de se libérer de son empreinte psychologique. Elle cite souvent la problématique du deuil – deuil isolé ou en lien avec les guerres. Des deuils non faits engendrent, pour la descendance, de graves conséquences. Dans une interview, elle mentionne une étude canadienne réalisée auprès d’une population atteinte de cancer de longue durée. L’étude montre que certaines personnes ont déclaré la maladie à la suite de la « perte d’un être d’amour ». Des séances de psychogénéalogie et d’analyse transgénérationnelle sont menées et permettent d’identifier une série de deuils inachevée au sein de la lignée. La conclusion de l’étude montre que la « perte de l’être d’amour » a contribué au développement de cette pathologie, car elle s’ajoute à celle des générations précédentes et devient un fardeau trop lourd à porter.  

Psychogénéalogie : vivre sa vie à soi

Retracer les situations vécues par nos ancêtres – adultère, inceste, enfant mort-né, meurtre – permet bien souvent d’expliquer l’intensité émotionnelle ressentie face à une situation en apparence anodine ou isolée. En prendre conscience permet de s’alléger, enfin, du poids du passé, de se réapproprier sa vie et de s’inscrire au sein de sa lignée, à sa juste place. Tels sont les objectifs de la psychogénéalogie clinique. Les descendants peuvent alors choisir le meilleur de leurs ancêtres : être loyaux et honorer les dettes source de joie et de fierté.

Pour autant, découvrir les origines de nos comportements néfastes ou de nos maladies ne suffit pas. Il demeure essentiel de mener un travail de développement personnel pour soi et pour ses héritiers. De nos jours, un grand nombre de psychothérapeutes ou de psychopraticiens proposent des séances de thérapies transgénérationnelles. Il existe aussi des groupes de travail basés sur le principe des constellations familiales.

En savoir plus
• « La psychogénéalogie ou l’analyse transgénérationnelle », France Culture (série)
• Conférence d’Anne Ancelin Schützenberger : « Aïe, mes aïeux ! », Facebook
• Psychogénéalogie - Guérir les blessures familiales et se retrouver soi, de Anne Ancelin Schützenberger, éd. Payot, 8,50€.